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Journée nationale de la presse : les journalistes du Sud-Kivu déterminés à accompagner la population dans le contrôle citoyen

La journée nationale de la presse a été célébrée, jeudi 22 juillet 2021 à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu. A cette occasion, un atelier été organisé à l’hôtel Delicia de Bukavu par l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) axé sur le « rôle des médias dans la consolidation des institutions transparentes et efficaces en République démocratique du Congo (RDC) ».

A cette occasion, Mlle Lesya Kahindo Agnès, Secrétaire permanente de la Maison des Journalistes de Goma, a rappelé que la journée nationale de la presse de cette année est célébrée sous le thème : « la désinformation est un délit », expliquant au passage que l’information étant un bien public, il est tout à fait logique que ceux qui agissent dans le sens contraire à savoir la désinformation s’exposent à la rigueur de la loi en commettant une infraction. Lesya Kahindo a indiqué que cette activité s’inscrit dans le cadre du projet intitulé : « renforcement des capacités des médias indépendants en RDC» qui bénéficie de l’appui de la Fondation nationale pour la démocratie (NED), à qui elle a réitéré ses remerciements. Selon elle, la presse est le quatrième pouvoir qui est appelée à  jouer un rôle actif et ouvert notamment en donnant une bonne information susceptible de contribuer à la consolidation d’institutions plus transparentes et efficaces. De son coté, M. Hemedi Soda, conseiller juridique du ministre provincial en charge de la Communication et Médias du Sud-Kivu, a donné officiellement le go de cet atelier. Parlant de « l’influence des médias locaux sur le fonctionnement des institutions provinciales et le changement de comportement des acteurs politiques de la province du Sud-Kivu », Hemedi Soda a souligné que le thème de ces assises est interpellateur. Car il incite à la compréhension du journaliste, du contexte dans lequel il vit, ses obligations pour relever les multiples défis liés à sa profession du reste qualifiée  de noble. « Le journaliste joue un rôle d’éducateur, de sensibilisateur, de sorte qu’il a plu au législateur de légiférer sur cette profession, à la corporation de la doter d’un Code d’éthique et de déontologie journalistique », a-t-il déclaré. Et de renchérir que l’UNPC (Union nationale de la presse du Congo) qui est un organe d’encadrement des journalistes doit jouer pleinement son rôle à la lumière des prérogatives qui lui sont reconnues. Le conseiller juridique du ministre provincial de la Communication a tenu à rappeler que la liberté de presse comporte aussi des garde-fous. Un vrai journaliste exerce son travail dans le respect strict des règles de sa profession. C’est ainsi donc que les journalistes peuvent arriver à avoir cette influence du quatrième pouvoir reconnu aux médias, si et seulement si chacun s’engage au traitement équitable, responsable, et   équilibré de l’information que ce soit sur la gestion de la chose publique, ou de la société toute entière. Il y a lieu de démontrer que le journaliste joue un rôle crucial sur la stabilité des institutions non seulement au niveau national, provincial mais surtout au niveau local parce qu’il vit en permanence avec la population, a-t-il martelé, ajoutant qu’il est le miroir de la société, le catalyseur entre toutes les structures sociales de sorte qu’il est le seul et l’unique capable d’interagir. Et s’il n’ya pas traitement équilibré de l’information, c’est plutôt le résultat inverse auquel il faut s’attendre. Chacun doit répondre de ses responsabilités et jauger s’il a joué professionnellement et de manière responsable son rôle. M. Darius Kitoka, président sectionnaire de l’UNPC/Sud-Kivu a planché sur l’évaluation de la couverture médiatique des élections de 2018 et du travail de la presse indépendante depuis l’avènement de nouvelles institutions : leçons à tirer. D’emblée, il a fait l’historique de la journée nationale de la presse sous les regards curieux et admiratifs de l’assistance, avant de se livrer au diagnostic du travail des journalistes et des médias du Sud-Kivu lors des échéances électorales de 2018 et durant la période post-électorale. Il a constaté que les journalistes du Sud-Kivu ont été très enthousiasmés par les joutes électorales. Lors des débats radio ou télédiffusés, des invités politiques n’arrondissaient aucun angle sous l’œil encourageant des journalistes modérateurs. On tirait à boulets rouges sur le camp adverse…Le déséquilibre était au rendez-vous sous le fameux prétexte de manquer d’interlocuteurs dans le camp des autorités en place. Il a relevé plusieurs failles dans l’exercice du travail des professionnels des médias de la province dans sa quasi-totalité. Il a aussi peint un tableau sombre de la situation de la liberté de la presse au Sud-Kivu, où des journalistes et médias n’ont pas échappé à des interpellations de différents services de l’Etat. Darius Kitoka a aussi évoqué la pression fiscale qui asphyxie plusieurs médias provinciaux contraints de payer des taxes allant jusqu’à 15.000 ou 30.000 dollars dans un contexte économique très difficile. Il a invité les professionnels des médias au respect des règles du travail, à la solidarité entre journalistes. Adrien Zawadi, président de la société civile du Sud-Kivu a parlé du contrôle citoyen et de l’apport des médias du Sud-Kivu dans l’accompagnement de la population». Il a défini le contrôle citoyen de l’action publique comme un droit de regard des citoyens, à titre individuel ou collectif, exercé sur tout le processus de développement en particulier sur les porteurs d’obligations et consiste à leur demander des comptes sur les mandats ou responsabilités dont ils ont été investi. La notion de Contrôle Citoyen de l’Action Publique désigne ici « le large éventail de mesures et de mécanismes (autres que le suffrage) auxquels citoyens, communautés et organisations de la société civile peuvent recourir s’ils souhaitent tenir les élus et les fonctionnaires comptables de leurs actions. Ces mesures comprennent, par exemple, la participation des citoyens à l’élaboration des politiques, la budgétisation participative, le suivi des dépenses publiques, le suivi par les citoyens de la prestation des services publics, les commissions consultatives de citoyens, les campagnes de revendication et la création de groupes de pression, etc.» Parlant du niveau d’accompagnement des medias dans l’exercice du contrôle citoyen, il a expliqué que les médias du Sud-Kivu ont joué et jouent encore un rôle important dans l’accompagnement de la masse dans l’exercice du contrôle citoyen de l’action publique et la promotion de la bonne gouvernance même si cela traîne. Ces médias ont réussi à mobiliser les citoyens autour de certains problèmes qui se posent à la société et mettre sur la place publique un certain nombre d’informations. Mais la floraison des médias ou du moins des émissions dits de débats politiques de plus en plus politiques ou politisées commence à écorner sensiblement ce rôle précieux dans le contrôle citoyen de l’action publique, a-t-il fait remarquer. Et de poursuivre que certains médias ou journalistes commencent à se laisser influencer par les détenteurs des responsabilités afin de calmer ou carrément de mener ou pas au schéma du contrôle citoyen, mais vers une appréciation subjective de l’action publique dans le sens « du quand on n’a pas ce qu’on aime, on doit aimer ce qu’on a ». Comme disait Lafontaine, « un tien vaut mieux que deux tu l’auras mieux» Si les journalistes sont libres de surveiller, d’enquêter et de critiquer les politiques et les actions de l’administration publique que la gouvernance peut prendre racine. Des médias indépendants apportent une inspiration lorsqu’il n’y a rien à cacher et beaucoup à améliorer. Cependant, bien trop souvent les gouverneurs ont conçu des moyens informels pour garder leurs activités cachées du regard public ou pour les rendre accessibles uniquement aux médias ou au mieux aux journalistes animateurs des émissions de débats politiques qui partagent leur point de vue. Au cours de ces dernières années, de nombreux gouverneurs de province auraient ou tentent de s’assurer les services de certains journalistes en leur donnant certains types d’accès à la condition qu’ils n’adoptent pas d’autres points de vue. Le rôle des médias indépendants et pluralistes dans de la participation est la critique dans la mesure où les médias informent sur des aspects du processus décisionnel et donnent à tous les acteurs concernés une voix dans ce processus.

A l’issue de ces communications, les participants se sont scindés en deux groupes de travail. Le premier groupe a travaillé sur les stratégies pour la facilitation du contrôle citoyen par les médias du Sud-Kivu et le second groupe a travaillé sur l’apport des médias du Sud-Kivu dans le changement du comportement de la classe politique. Après un débat houleux, les recommandations suivantes ont été formulées : Créer un cadre d’échange permanent entre les autorités et les médias, l’obligation légale de subventionner les médias, sécuriser les journalistes dans le cadre de leur travail, respecter le Code d’éthique et de déontologie professionnelle, renforcer régulièrement les capacités des journalistes, la signature de contrat de travail dans les maisons de presse pour une prise en charge rationnelle du journaliste,  l’adaptation de la réglementation pour réguler le fonctionnement des médias créés par les politiciens, amener les médias à aborder la thématique d’intérêt public allant dans le sens de conscientiser les politiques, les mesures d’application de l’Edit portant protection des journalistes du Sud-Kivu, la mise sur pied d’un cadre légal qui prend en compte les réalités des médias communautaires et associatifs.

Département de l’Information publique          

 

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