Kabinda : les journalistes pour une couverture médiatique impartiale des élections à Lomami

Les professionnels de la presse de la province de Lomami ont célébré, le 3 mai 2022, la journée internationale de la liberté de la presse. C’était au cours d’un atelier organisé par l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) à la salle polyvalente Ubuntu de Kabinda, chef-lieu de la province de Lomami. Plus d’une trentaine des journalistes de Kabinda, Mwene-Ditu ont participé à cet atelier qui a eu lieu dans une fièvre électorale caractérisée par la campagne pour le scrutin des gouverneurs de province. Dans son mot d’introduction, Kabongo Mbuyi, représentant de l’OLPA, a expliqué que la rencontre est la première activité de formation de l’année 2022 dans le cadre du projet de renforcement des capacités des médias indépendants durant le processus électoral en RD Congo appuyé par la Fondation nationale pour la démocratie (NED). Il a exhorté l’autorité provinciale à accompagner les médias de Lomami dans l’accomplissement de leur mission d’informer la population de cette contrée. Il a aussi expliqué les motivations profondes de l’organisation OLPA qui a fêté ses 18 ans ce 3 mai 2022, à braver les difficultés d’accès à cette partie du pays pour former les journalistes sur le traitement de l’information électorale. Dans son allocution solennelle d’ouverture, docteur Kazadi Tshiput, gouverneur intérimaire de Lomami, a indiqué que le 3 mai est une journée symbolique pour les journalistes du monde entier, car il s’agit de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse. Et pour cette année 2022, le thème est aussi interpellateur à savoir : « le journalisme sous l’emprise du numérique ». Le gouvernement provincial de Lomami salue l’initiative de l’OLPA d’organiser ces assises axées essentiellement sur le thème : le traitement de l’information électorale par les médias de Kabinda. Une activité d’une grande portée au moment où la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est résolument engagée à organiser le scrutin des gouverneurs. « Le chef du gouvernement national a officiellement rassuré que les élections se tiendront l’année prochaine en 2023… », a-t-il lancé, appelant OLPA à penser aussi à former d’autres journalistes locaux à l’instar de ceux œuvrant à Luputa, Ngandajika, Lubao.
Il a aussi invité les participants à capitaliser les acquis de présentes assises pour le bien-être de la communauté qui a plus besoin de bonnes informations puisées à la source et non des fake news distillés à longueur des journées dans les réseaux sociaux.
Leçons à tirer
Ensuite, M. René Mpanya Mayombo, Chef des travaux à l’Université Notre dame de Lomami (Unilo) s’est appesanti sur les bonnes et mauvaises expériences de couverture médiatique des processus électoraux de 2006, 2011 et 2018 à Lomami: leçons à tirer. Il a déclaré qu’il a participé au cycle électoral comme agent électoral, avant de faire une analyse sans complaisance de la couverture médiatique durant les trois cycles électoraux ainsi que les leçons tirées. L’éducation de la masse populaire pour avoir de bonnes élections par le truchement des médias a été un grand défi lors des cycles électoraux. Comme leçon tirée, il a opéré d’abord un distinguo entre média public et communautaire. Le ministre provincial intérimaire des médias, M. Jean-Marie Muhala Kitengie, est revenu sur la politique communicationnelle du gouvernement provincial de Lomami et le niveau de collaboration avec les médias locaux. Il a défini les libertés dont jouissent les journalistes ainsi que leurs limitations, expliquant que la liberté de presse ne rend pas les journalistes électrons libres. Quant à la politique communicationnelle de la province, il a indiqué que le renforcement des capacités des journalistes est une préoccupation du gouvernement provinciale qui veut rappeler ces derniers au respect de l’éthique et la déontologie de leur profession. Il a souligné que la presse est un partenaire technique de l’autorité provinciale et non service négligeable. La collaboration avec la presse est beau fixe à Lomami, malgré certains cas d’égarement gérés en douceur. Il a déploré les difficultés qu’il éprouve pour gérer les médias en ligne dont la réglementation pose problème en ce moment où plusieurs professionnels bafouent l’ABC de leur métier. M. Dieudonné Ngoyi Kiuma, coordonateur du cadre de concertation provinciale de la société civile de Lomami a jeté un regard critique de sa structure sur le travail de la presse locale. Il a défini le terme journaliste comme une personne qui recueille, cherche, vérifie, écrit puis distribue des informations sur tout type de support média (presse écrite, TV, et les technologies de l’information et de la communication du web). Il a cité les points forts de la presse locale de Lomami où les journalistes travaillent bénévolement, se forçant de faire l’essentiel. Parmi les faiblesses, il a souligné le manque de professionnalisme, de formation, etc. Enfin, M.Johnny Kasongo, président provincial de l’Union nationale de la presse du Congo de Lomami, s’est penché sur la problématique de la liberté de presse dans la province. Après avoir dressé un tableau sombre de la situation de liberté de presse à Lomami, il a appelé l’autorité à décréter, sans délai, un moratoire sur les arrestations et emprisonnement des journalistes tel que décidé par les Etats généraux de la presse, d’accélérer la mise en place d’un Mécanisme national de sécurité et de protection des journalistes et de lutte contre l’impunité des violences faites aux professionnels des médias. Enfin, face à la montée du discours de la haine et à la recrudescence des dérives déontologiques, nuisibles à la liberté de la presse, constatées dans certains médias, en ligne et hors ligne, l’UNPC LOMAMI lance un appel urgent aux instances de régulation et d’autorégulation, d’entamer, sans délai et sans atermoiements, le travail de « salubrité médiatique » tel que décidé par les Etats généraux, afin d’assainir la corporation et de promouvoir un journalisme plus éthique et plus professionnel. Il a enfin terminé son propos en demandant OLPA d’organiser les formations des journalistes de 5 territoires et deux villes de Lomami sur différentes thématiques avant les élections de 2023 : exemple : comment animer professionnellement un débat-radio électoral, comment tenir une émission en période électorale, les droits fondamentaux et le cadre légal de la presse, le travail du journaliste avant, pendant et après les élections etc.
Les travaux se sont poursuivis en groupe après un débat houleux. Le premier groupe a travaillé sur la Collaboration entre les institutions provinciales et la presse locale. Il a fait l’état des lieux de la collaboration avec les institutions de la province, puis identifié les points forts, les faiblesses dans la collaboration et avant de proposer des recommandations pour le succès de la collaboration entre les médias et les institutions provinciales. Le second groupe s’est penché sur les Défis de la couverture médiatique des élections. Il a dressé un bilan de la couverture médiatique des élections de 2018 dans la province, identifié les points forts, les dérapages, les obstacles rencontrés et proposer des pistes de solution pour une meilleure couverture médiatique des élections des gouverneurs, et autres à venir. Le respect de la réglementation sur la subvention des médias, l’implantation des organisations corporatives à Lomami, la vulgarisation du Code d’éthique et de déontologie professionnelle, multiplication des séminaires de formation sont parmi les recommandations de ces groupes de travail. Séance tenante une collecte des fonds a été initiée par le représentant de l’OLPA pour la location d’un bureau de l’UNPC Lomami et plusieurs responsables des radios locales ont souscrit à cette idée afin d’organiser la profession dans cette province.
Département de l’Information publique