Suspension d’un journaliste à Lisala : OLPA crie à l’acharnement et invite l’autorité provinciale à la raison

Dans une lettre adressée à Madame Marie-Clémentine Sole, gouverneure intérimaire de la province de Mongala, réceptionnée par son cabinet, le 23 février 2021, avec ampliation au Premier ministre et au Président du bureau du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), exprime sa stupéfaction après la suspension d’Eric Ngunde Abombo, journaliste à Radio Liberté Lisala, émettant à Lisala, chef-lieu de la province de Mongala. OLPA lui prie de lever immédiatement cette décision et de favoriser l’exercice de la liberté de la presse sur toute l’étendue de la province de Mongala.
Ci-dessous l’intégralité de la correspondance
Kinshasa, le 22 février 2021
N/Réf : 206/CE/JAKM 07/21
Transmis copie pour information :
A son Excellence Monsieur le Premier Ministre
A Monsieur le Président du bureau du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) tous à Kinshasa/Gombe
A Madame Marie-Clémentine SOLE, Gouverneure Intérimaire de la province de Mongala à Lisala/Mongala
Concerne : protestation
Madame,
C’est avec stupéfaction que les membres du Comité exécutif de l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), organisation non gouvernementale de défense et de promotion de la liberté d’information basée à Kinshasa, ont appris la suspension d’Eric Ngunde Abombo, journaliste à radio Liberté Lisala, émettant à Lisala, chef-lieu de la province de Mongala.
En effet, dans une lettre datée du 16 février 2021 et référencée 240/0017/CAB/PROGOU/MGL/MSE/NMB/2021, vous suspendiez le journaliste précité pour le seul grief d’avoir organisé et animé une émission avec M. Prospère Nzumbala, président urbain du parti politique MLC (Mouvement de libération du Congo), le 13 février 2021, laquelle est qualifiée par vous d’ « émission à caractère tribal, d’incitation à la haine tendant à troubler l’ordre public et à déstabiliser les institutions provinciales établies ».
En outre, cette suspension à durée indéterminée est justifiée par le souci de préserver la paix et la cohésion à l’intérieur de la province.
Au regard de ce qui précède, les membres du Comité exécutif de l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique constate avec amertume que la mesure du 16 février 2021 est excessive et viole gravement les dispositions pertinentes de l’article 112 de la Constitution et de la loi organique du 10 janvier 2011 portant composition, attribution et fonctionnement du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), institution publique de régulation des médias en RDC. En outre, les organes d’autorégulation sont compétents pour prendre des mesures contre les journalistes. Cette suspension du journaliste s’apparente à un acharnement, car ce dernier a été libéré par le parquet de grande instance après 48 heures de détention pour insuffisance des charges.
Madame,
Lors de la 34éme réunion ordinaire du Conseil des ministres du 3 juillet 2020, le Président de la République avait fait part aux membres du Gouvernement de sa vive préoccupation au sujet de certaines mesures attentatoires aux libertés individuelles et collectives. Ce, du fait de certains Exécutifs provinciaux allant de la fermeture des médias, d’arrestations arbitraires en violation de la loi. Le Chef de l’Etat a exigé sans délai que toute mesure liberticide soit rapportée au risque, pour les contrevenants, de s’exposer aux poursuites pénales. Le fait pour vous de faire arrêter un journaliste, puis de le suspendre est, sans doute, révélateur de votre détermination à passer outre l’instruction du Chef de l’Etat du 3 juillet 2020.
Tout en protestant vigoureusement contre cette suspension qui dénote un acharnement, OLPA vous prie conséquemment de lever immédiatement cette décision et de favoriser l’exercice de la liberté de la presse sur toute l’étendue de la province de Mongala.
Ce dont ses membres vous remercient anticipativement.
Pour le Comité Exécutif
Kabongo Mbuyi
Secrétaire exécutif